Programmation de Nicole Seiler


Après avoir travaillé comme danseuse et comédienne, Nicole Seiler crée sa compagnie à Lausanne en 2002. Sa démarche artistique qui allie danse et vidéo donne naissance à des spectacles de danse et multimédia, à des vidéos et des installations chorégraphiques. Depuis 2004, la compagnie rencontre une diffusion internationale.

Patrick de Rham : Nicole, je t’ai demandé de programmer une partie du festival, ce que tu n’avais jamais fait avant. Quelle a été ta démarche ?
Nicole Seiler : Après réflexion, j’ai choisi de ne présenter que des créations d’artistes qui se trouvent dans mon réseau personnel. Il y a passablement de gens qui, après avoir travaillé sur les projets des
autres, ont envie d’être eux-mêmes à l’origine d’une création. Cela peut être pour faire évoluer leur carrière, ou simplement pour répondre à un besoin de faire cette expérience.
PdR : Comment perçois-tu la question de l’émergence artistique ?
NS : Souvent on ne fait pas de différence entre jeune artiste (artiste en début de carrière) et artiste émergent (artiste qui fait partie d’un courant d’art émergent, donc d’une sorte de nouveau courant artistique). On peut soutenir et stimuler la jeune création, mais on ne peut pas forcer l’émergence. Peut-être qu’en début de carrière, quand tu es jeune et révolté, tu peux mieux coller à l’air du temps. Mais de toute façon, à n’importe quel moment de ta carrière, c’est aussi nécessaire que difficile de prendre des risques. Et le plus important c’est de rester fidèle à soi-même.
PdR : Que représente la culture pour toi ?
NS : On dit que chaque personne devrait aller une fois par an dans un endroit qu’il ne connaît pas. Alors chaque personne devrait voir au moins une fois par an une oeuvre d’art à laquelle il ne comprend
rien… C’est presque bateau, mais c’est vrai : ça nous fait du bien d’être confronté à l’inconnu de temps en temps...
PdR : Quand on parle de culture commune, dans les médias ou dans les discours politiques, on utilise beaucoup le mot « populaire »…
NS : Pour moi la culture est multiple, faite de niches spécifiques. Si tout le monde fait le même truc, je ne vois pas en quoi cela nous enrichit. Que veut dire populaire, en art ? Souvent, on veut en faire un synonyme de médiocre, à l’image de la télévision qui méprise son public. Moi je pense que les gens sont intelligents, je suis pour une démarche constructive, pour un partage et surtout pas un nivellement.
PdR : Penses-tu qu’il faille des connaissances préalables pour venir voir des projets comme ceux des Urbaines ?
NS : Oui et non. En art contemporain, il n’y a jamais qu’une seule vérité. La perception de tout le monde est valorisée. Souvent on peut avoir l’impression qu’il faut comprendre intellectuellement pour apprécier, mais c’est une erreur. La seule chose à acquérir est une attitude : celle de se laisser surprendre, celle de laisser sa peur au vestiaire.




Sarta in Amsterdam, performance de Claude Rueger (CH- Lausanne)


Créée spécialement pour le festival des Urbaines, Sarta in Amsterdam propose de mettre en scène une « raccommodeuse de vies ». Dans une vitrine, pouvant, à la manière de celles du Red Light District d’Amsterdam, se transformer d’espace à la vue de tous en espace intime, Claude Rueger reçoit un par un les passants-spectateurs afin de raccommoder le pull, l’écharpe, le manteau, le jeans, la robe… troués, usés par le temps. Vêtements condensés de vie que les personnes lui amènent et dont elles ne veulent pas se défaire. L’occasion pour elle d’entamer une courte conversation intime.

Née à Fribourg en 1965, Claude Rueger suit des études en Histoire de l’Art à l’Université de Fribourg et de Lausanne. Elle suit la formation du peintre G. Tritten à l’Université de Berne pendant quatre ans et obtient un brevet d’enseignement. Depuis 1993, parallèlement à ses propres activités artistiques, elle crée et réalise des costumes pour différentes compagnies professionnelles de théâtre et de danse (Cie Nicole Seiler, Cie Fabienne Berger, AC Moser Cie, Atelier C.)





Festival des Urbaines 2008 – dossier de presse - Haut de page